Ces générateurs de CV qui flinguent votre candidature en beauté
Un générateur de CV, c’est pratique, comme un micro-onde. Mais qui voudrait cuire sa carrière en 2 minutes à pleine puissance ?
Vous avez décidé de refaire votre CV. Bravo, c’est courageux et intelligent! Et comme 9 internautes sur 10, vous vous êtes dit : « Tiens, je vais tester un générateur de CV en ligne, ils promettent monts et merveilles, et moi je veux au moins un mont. »
En moins de deux minutes, vous vous retrouvez avec un document flambant neuf, bleu pastel ou rouge vermillon, avec deux colonnes, une typo un peu Art déco, des barres de compétences à 80 % et votre prénom en taille 46. C’est propre, c’est joli, et vous avez enfin l’impression d’avoir « un CV pro».
Et c’est là que le drame commence.
Les générateurs de CV : une illusion de modernité
On ne va pas se mentir : les sites de création de CV ont un sacré marketing. Ils vous promettent un document “professionnel”, “élégant”, “qui attire l’œil du recruteur”. Ce qu’ils oublient de préciser, c’est quel œil : celui qui recrute ou celui qui plisse pour tenter de déchiffrer une info paumée en bas à gauche dans une colonne gris clair.
Problème majeur : ces templates standardisés sont faits pour être jolis, pas pour être lisibles. Encore moins pour être efficaces. Et certainement pas pour répondre aux attentes d’un recruteur humain (ou pire : d’un logiciel ATS).
Ce que montrent les vraies études : l’œil du recruteur n’est pas là pour flâner
Contrairement à ce que votre générateur vous laisse croire, un recruteur ne lit pas un CV. Il ne le médite pas. Il le scanne, comme un code-barres, et encore : sans bip sonore.
Les études d’eye-tracking (oui, c’est une vraie science) montrent que les recruteurs passent entre 6 et 10 secondes sur un CV avant de décider s’ils continuent. Dix secondes. C’est le temps que met votre lave-linge pour vous dire qu’il est fini mais que vous pouvez l’ignorer encore trois heures.
Dans ces dix secondes, le recruteur cherche trois choses :
- ce que vous avez fait (expériences),
- ce que vous savez faire (compétences concrètes),
- et si ça colle avec le poste.
Or, les générateurs de CV planquent souvent l’essentiel dans une colonne latérale ou sous des pictos que personne ne comprend. Vous risquez d’être excellent·e, mais rangé·e dans la mauvaise case parce qu’un robot ou un œil humain n’a pas capté l’info clé à cause d’un design trop “créatif”.
Les trois erreurs fatales des CV générés
1. La double colonne (ou comment semer la pagaille)
Très tendance. C’est net, c’est graphique, et c’est parfait pour perdre le fil. Quand l’expérience est à droite et les dates à gauche, ou l’inverse, vous obligez le recruteur à faire des sauts cognitifs. Mauvaise nouvelle : il ne saute pas. Il passe.
2. Les barres de compétences (le thermomètre de l’ego)
Adobe Illustrator : 4 sur 5. Excel : 3 sur 5. Slack : 5 sur 5 (bravo).
Mais selon qui ? Vous ? Votre chat ? Ces jauges sont esthétiques, certes, mais inutilisables. Aucune norme, aucune fiabilité. Un recruteur ne peut rien en déduire, et un ATS les ignore.
3. Le jargon sans contexte
Les générateurs adorent vous suggérer des “mots-clés forts” : Leadership. Disruption. Synergie transverse. Scalabilité... Un bingo de la vacuité. Sans contexte, ces mots sont aussi creux qu’un slogan publicitaire.
Prenez le mot polyvalent, par exemple. À première vue, ça sonne comme un atout : flexible, adaptable, prêt·e à tout. Sauf que dans la tête d’un recruteur, ça se traduit souvent par : bouche-trou 24/7, ni expert·e ni indispensable, juste la personne qu’on appelle quand personne d’autre ne veut le faire. Certains mots, comme celui-ci, tracent un terrain glissant où il faut savoir avancer avec beaucoup de prudence.
Ce que personne ne vous dit (mais qui compte)
1. Les ATS détestent les CV graphiques
Un CV trop design, truffé de colonnes, tableaux, icônes ou zones de texte, risque d’être mal lu ou rejeté d’office par les fameux ATS (Applicant Tracking Systems) — ces logiciels de tri automatique qui passent votre CV à la moulinette avant qu’un humain n’y jette un œil.
C’est injuste ? Oui. Mais l’algorithme se fiche royalement de votre bon goût graphique.
2. La bonne structure est ennuyeuse mais efficace
La structure cognitive attendue d’un recruteur est toujours la même :
En-tête clair – Accroche brève (facultative) – Expériences professionnelles – Formations – Compétences techniques – Divers (facultatif)
Pas besoin de tout réinventer. Si vous voulez être original·e, écrivez un roman. Sur un CV, la seule chose originale qui intéresse, c’est votre parcours.
3. La lisibilité > le style
Une typographie fine, une couleur pastel, des sections alignées comme un menu gastronomique… c’est joli, oui. Mais un CV n’est pas un objet décoratif. C’est un outil de sélection rapide. Le fond doit primer sur la forme, à chaque ligne.
Alors, que faire ?
Si vous tenez absolument à utiliser un générateur de CV, faites-le en gardant le contrôle total du contenu :
- Rédigez d’abord votre CV sur un document brut (Word, Google Docs, peu importe).
- Clarifiez chaque info capitale : intitulé, mission, impact.
- Après, et seulement après, injectez-le dans un template — mais retravaillez la structure pour qu’elle respecte la lecture naturelle.
- Et idéalement : exportez en PDF simple, sans gadgets, sans zones de texte imbriquées.
Le CV, c’est pas de la déco
Un bon CV, n’est pas forcément sexy. Par contre il doit être clair, direct, hiérarchisé, lisible à 200 km/h. Pas de jolies colonnes, ni de de jolies icônes et encore moins de jolis thermomètres de savoir-faire.
Le recruteur ne cherche pas un beau document. Il cherche la preuve que vous allez résoudre un problème dans son équipe. Faites-lui ce cadeau : faites simple, faites lisible, faites lisible, faites lisible. (Oui, trois fois. Comme une prière laïque.)
D’ailleurs, mon propre CV ? Rien de délirant. Juste un bon vieux fichier Word, aligné à gauche, police Arial, 11. Pas de colonnes complexes ni de zones de texte flottantes ni de barres en dégradé. Sobre, on dirait presque un devoir de terminale L, mais bon : je suis pas directrice artistique, je suis Company Secretary dans la « vraie » vie. Mon job, n’est pas de faire du style, mais d’assurer les process admin. Et manifestement, les recruteurs préfèrent mon CV sobre qui tient debout à un CV design qui s’effondre avec panache.
Un dernier mot sur les générateurs de CV

Bref, derrière les promesses de « CV design en 3 clics », il y a souvent une inquiétude très humaine : celle de vouloir bien faire, de se montrer sous son meilleur jour, de sortir du lot dans un monde où tout va vite et où l’on a rarement droit à une seconde chance. Et c’est compréhensible.
Mais un bon CV, ce n’est pas celui qui attire l’œil par ses fioritures. C’est celui qui fait gagner du temps au recruteur, en allant droit à l’essentiel. Il n’a pas besoin d’être spectaculaire. Il a besoin d’être clair, solide, et aligné avec ce que vous apportez vraiment. Votre personnalité, votre originalité, votre style — tout ça aura sa place: à l’entretien et pas dans les marges roses ou les polices bouclées. Et si vous vous demandez comment faire, je vous dévoile mes secrets pour faire un CV Parfait.
Et si vous rêvez d’un CV pastel avec une typo calligraphiée… rien ne vous empêche de le faire. Le jour où vous annoncerez fièrement votre départ en retraite 😉