Les réunions : perte de temps ou sport extrême ?

Réunionite, burnout et avalanche d’emails

Les réunions… cet art délicat qui consiste à rassembler une équipe pour discuter de choses que l’on aurait souvent pu régler en trois lignes de mail, ou soyons fous, un message WhatsApp. Selon une récente communication des Échos, les managers consacrent en moyenne 14 heures et 52 minutes par semaine à ces fameux « meetings ». Nos chers dirigeants battent tous les records avec 25 heures et 28 minutes de discussions hebdomadaires. C’est presque le temps nécessaire pour regarder l’intégralité d’une série Netflix. Avec Stranger Things, au moins il se passe des choses !

La gestion des mails, un sport extrême ou une perte de temps ?

Mais ce n’est pas tout. En plus d’être coincés dans des salles de réunion (ou sur Zoom), nos braves managers doivent aussi jongler avec 205 emails par semaine, tandis que les dirigeants atteignent les sommets avec 342 emails hebdomadaires. Pas étonnant que leurs boîtes de réception ressemblent à une partie de Tetris sans fin avec, au final, 60 % des messages qui n’ont pas été ouverts depuis neuf mois !

Le salarié lambda n’est pas mieux loti

Et le salarié lambda ? Pas vraiment épargné. Il se coltine quand même 106 emails et plus de 6h30 de réunions hebdomadaires. Et là, un petit hommage s’impose aux assistantes, ces gladiatrices modernes : non seulement elles doivent gérer leur propre boîte mail, mais parfois aussi celle de leur boss. Ayant moi-même survécu à cette jungle, je peux vous dire qu’après ça, on n’est plus jamais la même personne. On sort avec le regard vide, les doigts qui tapotent dans le vide comme si on cherchait le bouton « archiver », et des sueurs froides rien qu’en entendant le son d’une notification. Tout ça, c’est pas du boulot, c’est du sport extrême !

Mais alors, que se passe-t-il réellement derrière ces chiffres affolants ? C’est simple : quand on est manager, on devient maître Jedi dans l’art de jongler entre les PowerPoint, les « brainstorming sessions » et les discussions sur la refonte du logo de la société. La semaine se transforme alors en un interminable marathon de réunions qui s’enchaînent comme des perles sur un collier de bureaucratie. Le tout, entrecoupé de quelques centaines de mails à traiter, auxquels on répond avec un enthousiasme d’huître un lundi matin.

Le syndrome de la réunionite aiguë : l’illusion de la productivité

Les réunions, c’est un peu comme les calories : on ne se rend compte de leur accumulation qu’au moment où il est déjà trop tard. À force de discuter de tout et surtout de rien, on se retrouve à passer ses journées à faire des tableaux Excel qui ne seront jamais lus. On participe à des conf call où l’on coupe son micro pour pouvoir bailler en paix, et pour s’interroger sur la couleur des boutons du futur site web. Résultat ? Une énorme perte de temps et une illusion de productivité. Eh oui, passer son après-midi à discuter du plan d’action 2030, ça ne fait pas avancer les dossiers urgents pour autant.

Le retour aux fondamentaux : quand simplicité rime avec efficacité

En bref, à force de naviguer entre salles de réunion et dashboards sophistiqués, on finit par perdre de vue l’essentiel. Après avoir assisté de nombreux dirigeants, j’ai remarqué que ceux, à l’ancienne, se débrouillaient très bien avec un simple tableau griffonné au stylo Bic sur un coin de table.

Ces « vieux briscards » n’étaient pas des dinosaures du business, loin de là ! Ils maîtrisaient les dernières innovations de leur secteur sur le bout des doigts, et leur boîte écrasait la concurrence. Mais pour diriger, ils n’avaient pas besoin de PowerPoint tape-à-l’œil ou de KPIs à rallonge. Un seul indicateur leur importait : la rentabilité. Pas besoin d’un chef-d’œuvre digne du musée du Louvre pour savoir si l’entreprise tournait rond – quelques chiffres bien choisis suffisaient à leur faire garder le cap.

Ces dirigeants pragmatiques prenaient le temps de réfléchir, d’écouter leurs équipes et de rencontrer leurs clients. Résultat, la vie de bureau avait un rythme bien plus humain. Ils n’avaient pas besoin de courriels à la chaîne ni de sessions de brainstorming pour comprendre ce qui comptait. Et, miracle ! Leurs employés n’étaient pas en burnout à force de courir dans tous les sens.

À l’opposé : les perfectionnistes, les champions de la to-do list à rallonge

De l’autre côté, il y a les managers perfectionnistes. J’ai aussi travaillé avec ces champions de la réunionite qui pensent que plus c’est long, plus c’est bon. Leurs journées (et les nôtres) ressemblent à une course d’obstacles : réunions interminables, emails par centaines, appels avec les « stakeholders » (ceux qui donnent leur avis sans jamais trancher)… Leur agenda est un patchwork de tâches toutes plus urgentes les unes que les autres. Les KPIs ? Un festival : engagement, satisfaction client, impact sociétal, température du café en salle de pause… Bref, une litanie sans fin de « bonnes pratiques » censées sauver l’entreprise et l’humanité.

Et pourtant, à force de vouloir bien faire, ils finissent souvent en plein burnout. La to-do list devient un gouffre sans fond et le stress s’installe, avec les effets que l’on connaît : fatigue, baisse de la productivité, démotivation. Le stress se répand comme une traînée de poudre, contaminant tout le monde. Bref, à force de vouloir en faire trop, on finit par tout faire de travers.

Retour à l’essentiel : simplifier pour mieux respirer

Peut-être serait-il temps de s’inspirer des bons vieux principes des « anciens » : aller à l’essentiel, simplifier les objectifs, et surtout, privilégier la qualité à la quantité. Parce que, soyons honnêtes, à quoi ça sert d’avoir 36 KPIs si personne ne sait vraiment quoi en faire ? Les tableaux de bord devraient aider à prendre des décisions. Ce n’est pas pour faire de la décoration ou se donner bonne conscience.

Les « vieux jeux » avaient raison de ne pas se perdre dans des chiffres à n’en plus finir. Ils faisaient simple, et ça marchait. Les réunions étaient là pour les vrais problèmes, pas pour discuter de la typographie des rapports annuels. Alors, pourquoi ne pas remettre un peu de bon sens dans tout ça ?

Les astuces pour sortir de la réunionite aiguë et s’affranchir du stress

  1. Limiter les réunions à l’essentiel. Concentrez-vous sur deux aspects : clarifier un point précis (en gros, organiser une séance de questions/réponses) ou prendre une décision collective, en partageant les informations à l’avance.
  2. Réduire les KPIs au strict nécessaire. Un bon KPI, c’est comme un bon dessert : mieux vaut un excellent fondant au chocolat qu’un buffet rempli de sucreries médiocres. Privilégiez les indicateurs qui permettent de prendre des décisions concrètes.
  3. Prendre du recul et débrancher. Bloquez des plages horaires pour du « vrai travail », sans interruptions. Non, vraiment, sans interruptions. Vous serez surpris de la quantité de choses que vous pouvez accomplir en deux heures de concentration totale.
  4. Écouter les collègues… mais pour de vrai. Plutôt que d’ajouter toujours plus de réunions, prenez le temps d’avoir des échanges directs. Sans KPIs, sans objectifs cachés. Juste pour comprendre ce qui se passe vraiment sur le terrain. Étonnamment, vous pourriez découvrir que des nœuds se débloquent et que l’ambiance s’améliore.

Et si la simplicité devenait le nouveau luxe ?

Les chiffres sur les heures de réunion et les emails montrent qu’il est temps de réagir. À vouloir tout optimiser, on finit par se noyer. La solution est peut-être plus simple : revenir à l’essentiel, ralentir, et redonner du sens au travail. Cela demande du courage, mais c’est la clé pour redécouvrir la productivité sans trois tableaux de bord et 25 heures de discussions.

Alors, comme me le disait un de ces dirigeant d’un autre temps : « Faites simple, prenez votre temps. Mieux vaut arriver légèrement en retard que de passer à côté de l’essentiel. » En fin de compte, vous réaliserez que la vraie satisfaction ne vient pas des séances de « happiness office », mais de cette liberté retrouvée.

Pour conclure, mieux vaut se concentrer sur les tâches qui génèrent de la valeur plutôt que de se perdre dans un océan de discussions vaines. Parce que, pour paraphraser un célèbre philosophe de la machine à café :

« Les réunions, c’est comme les péages, moins y’en a, plus on avance vite. »

Allez, hop, au boulot !

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