Comment survivre à l’entretien annuel d’évaluation
Ah l’entretien annuel d’évaluation… Ce moment sacré où, comme dans un western, tout se joue. Vous entrez dans la salle, l’atmosphère est plus tendue qu’un string après un buffet de Noël. Votre manager vous fixe avec son sourire de “ça va piquer, mais c’est pour ton bien”. Vous savez ce qui vous attend : des compliments à dose homéopathique et des critiques déguisées en “pistes d’amélioration”. Bref, un duel, mais sans les revolvers. Et si, cette fois, vous arriviez armé(e) jusqu’aux dents pour sortir gagnant(e) de ce western administratif ? »
Quand l’entretien annuel d’évaluation devient un western corporate
L’entretien annuel d’évaluation, c’est ce moment où, une fois par an, on se pose avec son manager pour faire le point sur sa performance, ses réussites et ses axes d’amélioration. Un passage obligé dans la plupart des entreprises, censé permettre de mesurer les résultats concrets de chaque salarié. A l’origine, c’était pour mesurer des performances claires, comme la progression du chiffre d’affaires d’un commercial ou du bon avancement d’un chef de projet. Puis, quelqu’un a eu la brillante idée d’étendre cette pratique à tous les postes, peu importe la nature du travail. Et là, ça commence à partir en vrille, même si votre manager est de bonne volonté (oui, ça arrive et rassurez vous, tous les boss ne sont pas toxiques et manipulateurs ).
En effet, si vous faites partie des salariés dont la mission principale revient à faire de son mieux (ce qui, soyons honnêtes, n’est pas toujours un objectif très mesurable), il est probable que votre manager se reporte sur des micro-incidents sans importance datant de plusieurs mois, pour évaluer votre performance. Vous aurez alors sans doute droit à des perles comme : « Rappelez-vous, l’année dernière, quand vous avez manqué une réunion à cause d’un retard de train ? » ou encore « Il me semble que vous aviez oublié de répondre à ce mail de Julien en mars. » Et voilà comment, au lieu de parler de vos vraies réalisations, l’entretien devient un tribunal où l’on juge plus votre attitude que vos résultats.
Comment se préparer à ce duel ?
Si l’entretien annuel d’évaluation devient un duel façon western, autant arriver armé, non ? Cette fois, vos armes ne sont ni revolvers ni cheval, mais bien votre posture mentale et vos compétences relationnelles. Et pour ça, on va faire appel à l’analyse transactionnelle et son célèbre modèle d’OK Corral.
Petit rappel pour ceux qui ont zappé cette partie du cours de psycho : OK Corral en plus d’être un grand western avec Kirk Douglas et Burt Lancaster, c’est aussi un tableau qui résume les relations humaines en quatre postures fondamentales :

Parmi les 4 postures de l’entretien annuel : choisissez bien votre rôle !
- Je suis OK, tu es OK : Vous êtes conscient de la valeur de vos efforts et de là où vous pourriez faire encore mieux. « Merci pour ce retour. Je vois effectivement que j’ai fait de bons progrès sur certains projets, et je suis conscient des axes d’amélioration. Je vais continuer à travailler là-dessus pour l’année prochaine. »
- Je suis OK, tu n’es pas OK : Vous dégainez les erreurs des autres plus vite que votre ombre. «Ah, donc c’est moi le problème ? Peut-être que si vous m’aviez donné les moyens de réussir, on n’en serait pas là. C’est bien beau de critiquer, mais ça vient d’en haut, non ? » Résultat: Cela ne résout rien mais vous avez donné des raisons à votre manager de vous détester.
- Je ne suis pas OK, tu es OK : Vous êtes en mode auto-flagellation: « Je sais, je n’ai pas été à la hauteur. J’ai essayé, mais j’ai rencontré beaucoup de difficultés. Je ne comprends pas pourquoi cela n’a pas fonctionné. Peut-être que je ne suis pas assez compétent… » Tout le monde sort épuisé de l’entretien et vous avez offert à votre manager toutes les raisons pour vous discréditer.
- Je ne suis pas OK, tu n’es pas OK : Dérapage, reproches et tensions : « Vous pensez que c’est facile ? Vous ne comprenez rien de la pression que je subis, vos attentes sont irréalistes. Vous n’êtes pas non plus à la hauteur de votre rôle ! » Dans cette posture, tout le monde repart blessé et il est à craindre que vous finissiez avec une lettre d’avertissement.
Autant vous dire que si vous voulez vous sortir tête haute de votre entretien annuel d’évaluation, vous avez à intérêt à choisir la meilleure stratégie. Donc votre mission, si vous l’acceptez : vous préparer à incarner la posture Je suis OK, tu es OK.
Étape 1 : faites le bilan à la façon Je suis OK.
Avant de vous lancer dans l’arène, commencez par vous poser les bonnes questions. D’abord, prenez une feuille (ou un carnet si vous voulez vous la jouer professionnel) et écrivez :
- Ce que j’ai réussi cette année :
Listez vos victoires, petites et grandes. Cela pourrait être par exemple: « J’ai amélioré l’organisation de mes tâches, ce qui m’a permis de respecter tous mes délais et de réduire les retards. » ou encore « J’ai aidé à intégrer un nouveau logiciel en organisant des formations, ce qui a rendu l’adoption plus facile pour tout le monde. » Faites briller vos succès, mais toujours accompagnés de preuves concrètes. - Ce que j’aurais pu mieux faire :
Soyez honnête, mais restez factuel(le). Par exemple : « J’ai constaté que je prenais parfois du retard sur certaines livraisons, mais j’ai depuis adopté une méthode de priorisation efficace. » Ce qui compte, ce n’est pas l’erreur, c’est de montrer que vous avez appris. - Ce que je veux obtenir :
Ne vous contentez pas de lister ce qui est déjà dans vos attributions. Posez des ambitions claires, qu’il s’agisse de prendre des responsabilités supplémentaires ou d’obtenir une meilleure reconnaissance, financière ou autre.
Étape 2 : calibrez votre posture mentale
Vous allez devoir adopter une posture psychologique qui évite deux écueils majeurs :
- Le mode tapis de sol : celui où vous minimisez vos réalisations. « Oh, ce n’est pas grand-chose, tout le monde aurait fait pareil. » Non. Vous avez bossé, c’est maintenant le moment de le dire.
- Le mode cowboy nerveux : celui où vous arrivez prêt(e) à en découdre, style « Vous ne me méritez pas. » Mauvaise idée.
La posture à viser, c’est celle de l’adulte responsable, version « Je suis OK, tu es OK ». Vous êtes fier(ère) de vos résultats sans rouler des mécaniques, et vous abordez les critiques comme des pistes d’amélioration, pas des attaques personnelles.
Quelques astuces pour rester dans cet équilibre :
- Soulignez votre contribution avec des faits à la clé.
Par exemple : « . J’ai fait passer l’équipe à un nouvel outil de gestion de projet et ça a réduit nos réunions de 30%. J’ai aussi formé trois collègues, histoire qu’ils arrêtent de chercher désespérément où trouver l’info qu’on avait déjà partagée cinq fois. » Ajoutez des chiffres si possible, ça fait sérieux. - Accueillez les critiques avec maturité.
Reconnaissez si la remarque faite est justifiée. Si on vous dit : « Vous pourriez être plus proactif(ve) sur certains sujets, » ne répondez pas « Ah ouais, et toi, alors ? » Contentez-vous de : « Je vois ce que vous voulez dire. Pour l’an prochain, voici comment je prévois d’y remédier. » - Les critiques vous paraissent infondées ? Demandez des précisions pour inciter votre interlocuteur à expliciter ses remarques. Cela peut suffire à désamorcer une mauvaise foi intentionnelle. Certains managers cherchent à provoquer une réaction, mais n’entrez pas dans leur jeu. Adoptez une attitude professionnelle : parlez d’un ton posé et reformulez leurs propos de manière constructive.
- Le manager, ce fragile être humain. Rappelez-vous que votre manager est avant tout un être humain (oui, oui, c’est difficile à croire parfois). Pour obtenir son soutien, l’astuce est de communiquer clairement vos besoins, mais avec tact. Pas besoin de crier au secours ou de dramatiser, un simple « J’ai besoin de [x] pour faire avancer ce projet » suffit souvent à débloquer la situation. Après tout, il n’est pas devin et la transparence, ça peut être une vraie clé pour vous faire entendre.
Étape 3 : anticipez les moments délicats de votre entretien annuel d’évaluation
Ne vous faites pas d’illusions, certains sujets vont inévitablement arriver sur la table. Préparez vos réponses en amont pour éviter de paniquer ou de dire n’importe quoi.
Quels sont vos axes d’amélioration ?
Évitez les généralités ou les confessions larmoyantes. Répondez avec une amélioration précise et une action déjà engagée. Par exemple : « Je bosse sur ma gestion du stress, notamment quand je suis sous pression. J’ai adopté une méthode de respiration profonde et je planifie mieux mes journées pour éviter de me retrouver dans le rouge. »
Où vous voyez-vous dans cinq ans ?
C’est le moment de jouer stratégique. Vous voulez montrer de l’ambition tout en restant pleinement engagé. Par exemple : « Je me vois dans un rôle où je peux vraiment impacter l’entreprise, tout en équilibrant mes ambitions professionnelles et personnelles. Si cela se fait ici, parfait, sinon, je suis ouvert à de nouvelles opportunités. » Cela peut paraître un peu culotté, mais si vous apportez vraiment de la valeur à votre boîte, ça fait son petit effet, croyez-moi!
La rémunération : la partie sensible
Ah, la question qui met tout le monde mal à l’aise. Mais n’oubliez pas : si vous ne défendez pas vos intérêts, personne ne le fera à votre place.
- Préparez vos arguments : appuyez-vous sur vos réussites mesurables et, si possible, sur des comparatifs de rémunération pour votre poste sur le marché.
- Restez ferme mais courtois(e). Par exemple : « Au vu de mes contributions cette année et des objectifs atteints, je pense qu’une revalorisation est justifiée. »
Si votre manager tente le grand classique du « le budget est serré », ne partez pas du principe que c’est un non. Vous pouvez répondre : « Je comprends la contrainte budgétaire. Peut-être pourrions-nous discuter d’une solution progressive ou d’un autre type de reconnaissance ? »
Étape 4 : la visualisation mentale
Voici une petite astuce simple mais qui marche vraiment. Fermez les yeux. Imaginez-vous en train de réussir cet entretien. Vous arrivez détendu(e), vos arguments sont clairs et vos réponses fluides. Dans votre rêverie, la nervosité n’a aucune prise et tout fonctionne comme sur des roulettes. Respirez profondément et gardez cette image en tête.
Derniers conseils avant ce grand duel
Ne considérez pas l’entretien annuel comme une corvée imposée. Voyez-y plutôt une véritable opportunité – oui, oui, promis, c’est possible ! Avec une bonne préparation, vous pouvez non seulement montrer ce que vous avez accompli, mais aussi poser les bases de votre évolution future, financière ou professionnelle.
Et quoi qu’il arrive, souvenez-vous : ce duel n’est pas une guerre. Avec une posture OK, une préparation béton, et un soupçon d’audace, vous êtes prêt(e) à affronter même le manager le plus coriace. Alors, en selle, cowboy.