Revue de presse juin 2025: L’emploi en mode crash test

La revue de la presse de l’emploi de juin 2025 montre un monde du travail sous pression : plans sociaux en série, fragilité croissante. Derrière les chiffres, des vies bousculées — mais aussi quelques pistes pour rester pertinent, ou simplement tenir bon.

Les chiffres de l’Organisation internationale du travail sont formels : moins d’emplois créés, tandis que les suppressions se multiplient, entraînant un véritable « aplatissement » hiérarchique (OIT): les managers intermédiaires sautent les uns après les autres (Middle managers beware).

La tech et la finance, longtemps épargnés et porteurs de promesses énormes, ces deux piliers économiques montrent aujourd’hui des signes de fragilité inattendus.

  • Intel : prévoit de supprimer plus de 21 000 emplois, soit environ 20 % de ses effectifs, dans le cadre d’une restructuration visant à recentrer l’entreprise sur l’ingénierie, son activité principale. (TechCrunch)
  • Microsoft : Malgré des bénéfices records et une hausse annuelle de ses effectifs, Microsoft annonce 6 000 licenciements (soit 3% de ses salariés), ciblant surtout l’encadrement intermédiaire pour « gagner en agilité ». (The Guardian)
  • IBM a licencié environ 8 000 personnes, principalement dans les ressources humaines, après avoir automatisé de nombreuses tâches RH grâce à l’IA – une stratégie assumée pour rediriger les économies vers les ventes et l’ingénierie (Financial express).
  • Google : a encore taillé dans ses effectifs début mai 2025, supprimant environ 200 postes dans son unité commerciale mondiale, après plusieurs centaines de suppressions en avril dans ses équipes Android, Pixel et Chrome – une réorientation stratégique au profit de l’IA et des data centers. (Reuters)
  • Amazon : a remercié une centaine d’employés dans sa division Devices & Services, évoquant une réorganisation stratégique pour recentrer ses priorités produits. (CNBC)

Quant au secteur bancaire, il n’est pas épargné (People Matters): Citigroup prévoit 20 000 suppressions de postes d’ici 2026, UBS a déjà coupé plus de 10 000 emplois depuis l’acquisition de Credit Suisse, HSBC, Goldman Sachs, Deutsche Bank, Barclays, Lloyds ou encore DBS enchaînent restructurations et réductions d’effectifs.

Quand les certitudes s’effondrent

Ces suppressions sont officiellement justifiées par des « réalignements stratégiques » ou des « gains d’efficacité opérationnelle ». Cela traduit surtout une volonté forte d’automatiser et de numériser, rendant obsolètes certains métiers dits « traditionnels ».

Dans ce chaos, certains secteurs s’accrochent encore à des subventions publiques comme à des bouées, mais pour combien de temps ? La vraie question étant: existe-t-il encore des métiers d’avenir ? Ou s’agit-il simplement d’un spectacle d’illusionnistes pour masquer la disparition de postes ?

Résultat : des incertitude et un management expéditif où la polyvalence devient obligatoire, pas un choix. Et le burn-out, un produit standard.

IA, santé et green jobs : la belle histoire à double tranchant

L’intelligence artificielle tient le haut du pavé, en promettant efficacité et innovation, mais elle supprime des emplois dès aujourd’hui. Selon Dario Amodei, CEO d’Anthropic, la moitié des postes de bureau pourraient disparaître dans les cinq ans qui viennent (NY Post). La fracture sociale se creuse entre ceux qui surfent la vague et ceux qui coulent.

Le secteur de la santé en Europe est confronté à une crise persistante : malgré une augmentation de 20 % du nombre de médecins et de 10 % du nombre d’infirmières au cours des dix dernières années, la demande de soins croît encore plus rapidement, entraînant une pénurie de personnel, des conditions de travail dégradées et une détresse psychologique généralisée chez les soignants, selon l’Organisation mondiale de la santé (Euronews) .

Les métiers verts offrent des perspectives prometteuses, mais leur développement durable dépend de politiques publiques stables et d’investissements significatifs dans la formation et la reconversion des travailleurs. Sans une stratégie cohérente et inclusive, le secteur risque de rester fragile et inégalitaire (BCE).

Attention aux mirages

Le piège, c’est de croire qu’un secteur « porteur » offre une sécurité. Or les bascules économiques sont souvent brutales et imprévisibles. Miser uniquement sur une tendance, c’est donc risquer de creuser sa propre tombe pro.

Ce qui compte vraiment, ce ne sont pas les secteurs, mais les compétences transversales. Apprendre, se réinventer, rester mobile — surtout dans sa tête. Dans ce flou, le seul vrai repère, c’est la capacité à changer d’avis, de métier, ou même de vie. Ce n’est pas ce qu’on apprend à l’école, mais c’est là que tout se joue.

Antidote anti-crise

  • Apprendre en continu n’est plus une option, c’est une condition sine qua non.
  • Mobilité, flexibilité, adaptabilité : trois concepts creux jusqu’à ce qu’ils deviennent indispensables.
  • Le réseau humain, même à l’heure du digital omniprésent, reste le filet de sécurité invisible.
  • Les métiers d’avenir ne sont pas des places réservées, mais des terrains d’apprentissage et de combat permanent.

Pour un avenir meilleur

Oui, cette revue de presse confirme que certains métiers s’effondrent, d’autres se métamorphosent à toute vitesse, et beaucoup se retrouvent désemparés, sans guide ni boussole. Notre époque secoue tout, parfois durement, mais elle offre aussi des éclats d’espoir.

Oui, le constat est dur, mais faut-il baisser les bras ? Certainement pas. Quand je pense au mot crise je pense à sa transcription en chinois (危机), composé de deux idéogrammes : l’un signifie danger, l’autre opportunité. Je me rappelle alors que chaque rupture porte en elle un avenir à inventer.

Ce qui émerge aujourd’hui n’a pas encore de fiche métier ni d’annonce sur LinkedIn. C’est à nous d’en façonner le sens, les compétences, et d’y prendre le recul nécessaire. Ce ne sera pas un retour en arrière, mais une chance de créer un travail plus humain, utile, et, pourquoi pas, vraiment enthousiasmant.

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