Septembre, ce pachyderme imprévisible

On croit gérer la rentrée, et puis paf : l’éléphant septembre nous écrase sous ses pattes. Cet article vous montre comment survivre, rire, et même savourer chaque morceau du pachyderme.

Il existe une formule anglo-saxonne, un peu barbare, un peu drôle aussi :  » How do you eat an elephant? One bite at a time. » Autrement dit : comment avaler une montagne de tâches qui vous paraît impossible ? Pas d’un seul coup, mais morceau après morceau, bouchée par bouchée. On raconte que la formule circule depuis les années 70, popularisée par les gourous de la productivité – ce genre de types qui se lèvent à 5 h du matin pour méditer, courir un marathon et écrire trois chapitres avant que vous ayez bu votre premier café.

Bref, l’éléphant est devenu une métaphore universelle pour désigner ce qui nous écrase, ces mastodontes qu’on traîne dans notre agenda ou dans notre tête. Et si vous cherchez un spécimen grandeur nature, inutile de réserver un safari : il suffit d’attendre septembre. C’est le mois où l’éléphant débarque dans votre salon avec ses valises, ses microbes et ses formulaires scolaires.

Le faux départ après l’été vide

L’été, on s’imagine rentrer reposés, avec une énergie neuve. On visualise septembre comme une ligne de départ : hop, chaussures neuves, carnet flambant, on va avaler les kilomètres.

Sauf que non. On se retrouve à courir un marathon avec des tongs. L’agenda se remplit plus vite que la trousse des enfants, le boulot vous accueille avec une avalanche de mails jamais lus, et l’optimisme des vacances se dissout dès le premier rhume.

Ce décalage est violent. On s’imaginait en sprinteur, on se découvre en limace asthmatique. Ce n’est pas un échec personnel, c’est juste la nature de septembre : il ne redémarre pas, il vous catapulte. La première bouchée d’éléphant est toujours indigeste.

Apprivoiser le chaos avant qu’il ne vous écrase

Avouons-le : septembre n’est pas glamour. Les catalogues le vendent comme le mois des bonnes résolutions, du renouveau, du fameux « back to school » excitant. En vrai, c’est le mois des microbes qui s’échangent sur les bancs d’école, des journées trop courtes, des matinées trop sombres, des collègues qui commencent à tousser devant la machine à café.

Ce pachyderme-là est ingrat. Il traîne une odeur de pluie froide, il ronfle, il écrase vos projets sous ses grosses pattes. Le prendre tel qu’il est, avec son côté rugueux, c’est éviter la double peine : celle d’avoir trop à faire et celle d’être déçu parce qu’on croyait que ce serait plus joli. Un éléphant reste un éléphant : ça ne rentre pas dans une boîte à lunch Instagrammable.

Trouver le morceau tendre sous la peau dure

Heureusement, même un pachyderme a des zones moelleuses. Dans septembre, il y a ces instants qui réchauffent : la première écharpe qu’on enroule comme une couette portative, le chocolat chaud pris en douce à 16h, le plaisir un peu honteux de ressortir ses chaussettes épaisses. Il y a aussi la routine retrouvée, ce cadre qui, malgré ses contraintes, finit par rassurer.

Ces moments sont comme les filets tendres de l’éléphant : si on les cherche, on peut les savourer. Ils ne suppriment pas l’ensemble du mastodonte, mais ils rendent la digestion plus douce. Et puis, à force de petites bouchées choisies avec soin, on finit par trouver un rythme.

Bouchée après bouchée, apprivoiser le monstre

Manger son éléphant de septembre, ce n’est pas un exploit héroïque. C’est une discipline humble : accepter la lourdeur, avaler petit morceau par petit morceau, savourer ce qui se laisse savourer, et ne pas se flageller quand la bête paraît interminable.

Et parfois, chaque bouchée fait remonter stress, colère ou frustration – apprendre à reconnaître et gérer ces émotions fait partie du travail.

Au fond, septembre n’est pas un monstre à terrasser. C’est juste un pachyderme grognon qui traverse notre mois avec ses bagages. À nous de choisir : se laisser piétiner… ou apprendre à danser entre ses pattes, bouchée après bouchée, jusqu’à l’hiver.

Comment manger un éléphant ?
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